Port de Nantes-Saint-Nazaire, projet de production de kérosène de synthèse prévu à l’horizon 2030

By Erwan

Le projet Take Kair vise à transformer le paysage énergétique du secteur aérien en proposant du kérosène de synthèse dès 2030. Porté par un consortium solide composé d’EDF, Holcim, IFPEN, Axens et soutenu par Air France KLM, cette usine promet de produire jusqu’à 50 000 tonnes d’e-carburant par an. Situé dans le port stratégique de Nantes-Saint-Nazaire, ce projet s’inscrit pleinement dans les objectifs de décarbonation européens. Mais quels sont les défis et implications de cette initiative prometteuse ?

Un projet d’envergure à Donges pour décarboner le ciel

Le projet Take Kair sera implanté à Donges, au sein du domaine portuaire de Nantes-Saint-Nazaire. Sur une superficie de 10 à 15 hectares, l’usine bénéficiera de la proximité des installations industrielles de TotalEnergies. Ce choix stratégique repose sur deux facteurs essentiels :

  1. L’accès à des ressources en eau nécessaires au processus industriel.
  2. L’héritage aéronautique et industriel profondément ancré dans la région.

Le consortium mise sur une technologie innovante : capturer du CO₂ issu des émissions de la cimenterie Holcim et le combiner avec de l’hydrogène vert produit par électrolyse à partir d’énergies renouvelables. Ce processus permet de créer un kérosène de synthèse, ou e-kérosène, qui pourrait alimenter des avions existants sans modifications majeures des moteurs.

Les principaux défis : coûts, technologies et délais

Comme tout projet d’envergure, Take Kair fait face à des défis majeurs :

  • Un coût colossal de 850 millions d’euros : Une telle somme nécessite des financements publics et privés conséquents. La décision finale d’investissement est prévue pour fin 2025 ou début 2026, suivie de 2 à 3 ans de construction.
  • Des technologies encore en phase de validation : La capture de CO₂ et la production d’hydrogène à grande échelle demandent des innovations technologiques pour garantir l’efficacité et la rentabilité du processus.
  • L’acceptation locale et environnementale : Le projet, classé SEVESO, suscite des préoccupations chez les riverains et nécessite une transparence totale. La période de concertation publique débutera le 16 décembre 2024, avec une réunion publique le 17 décembre.
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Selon l’Informateur Judiciaire, « le projet Take Kair pourrait faire de Nantes-Saint-Nazaire un acteur majeur de l’e-carburant en Europe, si les défis financiers et technologiques sont surmontés ».

Impact majeur sur la décarbonation de l’aviation

Le secteur aérien est responsable d’environ 2 à 3 % des émissions mondiales de CO₂. La Commission européenne a fixé des objectifs ambitieux : 1,2 % de carburant synthétique d’ici 2030 pour l’aviation. En produisant 50 000 tonnes d’e-carburant par an, Take Kair pourrait répondre à une part significative de cette demande.

Les bénéfices potentiels du projet :

  • Réduction des émissions de CO₂ grâce à un carburant neutre en carbone.
  • Compatibilité avec les avions existants, évitant des coûts supplémentaires pour les compagnies aériennes.
  • Stimulation de l’économie locale en créant des emplois et en renforçant l’attractivité industrielle du port.

Un représentant d’EDF explique :

« Ce projet n’est pas seulement une avancée technologique, c’est une nécessité pour garantir un avenir durable à l’aviation européenne. »

Solutions technologiques et initiatives en cours

Le consortium mise sur plusieurs technologies clés pour réussir le projet Take Kair :

La capture du CO₂ : Réalisée par la cimenterie Holcim, cette technologie permet de réutiliser les émissions industrielles.
L’hydrogène vert : Produit localement grâce aux énergies renouvelables, il est essentiel au processus de synthèse.
Des procédés de raffinage avancés développés par IFPEN et Axens.

Ces solutions illustrent un effort collectif pour décarboner l’aviation, un secteur où les alternatives aux carburants fossiles sont encore limitées.

Les prochaines étapes :

  • Finalisation des études de faisabilité d’ici fin 2025.
  • Décision finale d’investissement et début de la construction.
  • Production effective prévue pour 2030.
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Perspectives : un avenir vert pour le port de Nantes-Saint-Nazaire

Le projet Take Kair place le port de Nantes-Saint-Nazaire à l’avant-garde de la transition énergétique. Si le projet réussit, il pourrait non seulement réduire les émissions de l’aviation, mais également inspirer d’autres initiatives similaires en Europe.

Un habitant de Donges témoigne :

« C’est une chance pour notre région, tant que les impacts environnementaux sont maîtrisés. »

La consultation publique à venir sera une étape cruciale pour intégrer les préoccupations locales et garantir l’adhésion du public.

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