À Nantes, l’idée d’un encadrement des loyers prend de l’ampleur. Alors que les loyers ne cessent de grimper dans une métropole toujours plus attractive, la Ville s’apprête à voter ce vendredi 27 mars 2025 une délibération en conseil municipal, afin de candidater officiellement au dispositif national d’encadrement des loyers. Si le ministère valide cette demande, la mesure pourrait entrer en vigueur dès cet été. Une perspective qui suscite autant d’attentes que d’interrogations.
À retenir :
- Le vote municipal aura lieu le 27 mars 2025 pour lancer la candidature.
- La mesure vise à lutter contre la flambée des loyers dans la métropole nantaise.
- L’encadrement pourrait être mis en œuvre d’ici l’été 2025 si l’État donne son feu vert.
- 69 villes en France appliquent déjà cette mesure, avec des résultats contrastés.
- Nantes développe aussi des logements à prix encadrés pour les classes moyennes.
Nantes dans la course à l’encadrement des loyers
Depuis plusieurs mois, la maire Johanna Rolland et sa majorité affichent leur volonté de rejoindre les grandes villes françaises comme Paris, Lyon ou Lille, où les loyers sont déjà encadrés. Le vote du 27 mars devrait permettre à Nantes de déposer officiellement sa candidature auprès du ministère du Logement dès avril. Ce dernier analysera alors si la ville remplit les critères définis par la loi ELAN : tensions sur le marché locatif, loyers élevés, faiblesse de la construction, etc.
Selon le ministère de la Transition écologique, le nombre de communes concernées par l’encadrement des loyers ne cesse de croître : 69 au total en ce début 2025, avec des candidatures attendues pour Marseille et Annemasse. Nantes pourrait donc rapidement les rejoindre.
« Face à la spéculation et à l’exclusion du logement pour les classes moyennes, il fallait agir. » – Johanna Rolland, maire de Nantes (citation extraite de son discours du 12 mars 2025)
Une tension croissante sur le marché locatif nantais
Nantes subit depuis une dizaine d’années une pression démographique constante. Entre 2010 et 2024, la population de la métropole a augmenté de près de 20 %, tandis que la production de logements reste en deçà des besoins.
Selon une étude de Nantes Métropole parue en janvier 2025, plus de 60 % des locations dans le centre dépassent les loyers de référence nationaux. Un deux-pièces s’y loue aujourd’hui en moyenne à 680 €, contre 560 € en 2018. Cette flambée impacte fortement les étudiants, les jeunes actifs et les familles modestes.
Témoignage :
« J’ai dû quitter le centre-ville. Mon loyer a augmenté de 150 euros en deux ans. » — Clémentine, 34 ans, infirmière à l’hôpital de Nantes.
L’encadrement des loyers : comment ça marche ?
La mesure consiste à fixer un loyer de référence au mètre carré, avec un plafond de 20 % au-dessus et un plancher de 30 % en dessous. Le but est d’éviter les abus, tout en laissant une certaine marge de manœuvre aux propriétaires.
Selon PAP.fr, les résultats dans les villes déjà concernées sont contrastés :
- À Paris, 27 % des loyers dépassent les plafonds malgré la législation.
- À Lyon, le taux de conformité dépasse 75 % après deux ans de mise en œuvre.
- À Lille, le volume des locations a légèrement baissé, mais la tension locative s’est réduite.
Une politique déjà amorcée à Nantes
Bien avant ce projet, la métropole a lancé plusieurs dispositifs pour réguler les prix de l’immobilier, notamment avec l’accession à prix maîtrisé. Depuis 2022, certains logements sont vendus à 3 700 € le m², bien en dessous du prix du marché (près de 5 000 €).
Dans ce cadre, les bénéficiaires sont des ménages aux revenus intermédiaires, souvent exclus à la fois du marché libre et des dispositifs sociaux. La Ville entend ainsi élargir l’accès à un habitat digne, tout en réduisant la fracture sociale entre quartiers centraux et périphéries.
Retour d’expérience :
« Grâce à l’accession encadrée, on a pu acheter à Nantes alors qu’on pensait devoir partir à Saint-Nazaire. » — Karim et Lucie, enseignants.
Tableau : villes ayant adopté l’encadrement des loyers
Ville | Année d’application | Taux de conformité (2024) | Effets constatés |
---|---|---|---|
Paris | 2015 | 73 % | Baisse modérée des abus |
Lille | 2020 | 68 % | Réduction de la vacance locative |
Lyon/Villeurbanne | 2021 | 76 % | Stabilisation des loyers |
Bordeaux | 2022 | 65 % | Effet limité, selon la préfecture |
Grenoble | 2025 | N/A | Trop tôt pour évaluer |
Nantes (prévu) | 2025 (si validée) | N/A | En attente de validation étatique |
Une mesure qui ne fait pas l’unanimité
Si la majorité municipale soutient ce projet, des voix s’élèvent contre au sein de l’opposition et chez certains professionnels de l’immobilier. Le principal argument ? L’encadrement pourrait freiner l’investissement privé et réduire l’offre de logements à la location.
Selon une analyse publiée sur Spanish Property Insight, les effets à long terme du plafonnement sont encore incertains. Certaines études indiquent que les bailleurs privilégient désormais la location de courte durée ou la vente plutôt que la location longue, ce qui pourrait paradoxalement aggraver la crise.
Vers un vote décisif le 27 mars 2025
La délibération soumise au conseil municipal ce vendredi 27 mars sera la première étape concrète d’une possible application de l’encadrement des loyers à Nantes. Si elle est adoptée, la Ville déposera sa candidature en avril, et l’État aura trois mois pour instruire le dossier.
D’ici là, les débats s’intensifient, entre nécessité sociale et incertitude économique. Le marché nantais, tendu comme jamais, semble prêt à basculer vers un nouveau cadre réglementaire.
Et vous, pensez-vous que cette mesure va réellement changer les choses pour les locataires nantais ? Partagez votre avis en commentaire.