Six ans après le drame, la disparition d’Emiliano Sala continue d’agiter les coulisses du football européen. Cardiff City réclame désormais 120,2 millions d’euros au FC Nantes, transformant une tragédie humaine en un litige judiciaire sans précédent. Au-delà de la douleur, cette affaire révèle les failles du système de transfert des joueurs.
A retenir :
- Cardiff estime à 120 M€ le préjudice lié à la mort de Sala.
- Le FC Nantes conteste toute responsabilité dans l’organisation du vol.
- Une audience décisive aura lieu à Nantes le 14 avril 2025.
- Des statistiques virtuelles servent à chiffrer la « perte de chance ».
Une tragédie qui ne trouve toujours pas d’épilogue judiciaire
Le 21 janvier 2019, Emiliano Sala, 28 ans, disparaît dans un accident d’avion au-dessus de la Manche. Il se rendait à Cardiff pour finaliser son transfert du FC Nantes, évalué à 17 millions d’euros. Sala n’aura jamais joué une seule minute en Angleterre.
Ce drame émeut profondément le monde du football. Les supporters nantais, à La Beaujoire, lui rendent encore régulièrement hommage. Pourtant, dès les semaines suivantes, les tensions surgissent : Cardiff refuse de payer le transfert, arguant de l’irrégularité du vol. FIFA tranche en faveur de Nantes. Cardiff verse finalement l’intégralité de la somme… en juillet 2023.
Mais la guerre n’était pas finie.
Cardiff City réclame désormais 120 millions d’euros : une demande sans précédent
En mai 2023, le club gallois assigne Nantes devant le tribunal de commerce. Il ne veut plus seulement se défendre, il attaque. Il demande 120,2 millions d’euros pour compenser la relégation en Championship qu’il impute à l’absence de Sala. Cardiff s’est adjoint les services d’Analytics FC, un cabinet spécialisé dans les données footballistiques, pour modéliser son préjudice.
La logique économique derrière la réclamation
Selon cette expertise :
- Sala aurait joué 60 % des matchs restants.
- Cardiff aurait eu 54,2 % de chances de se maintenir en Premier League.
- La relégation a causé une perte de revenus estimée à 110-120 millions par saison.
« Ce n’est pas un chiffre balancé comme ça, en l’air », affirme Mehmet Dalman, président du club gallois.
« Si nous n’avions pas été relégués, nous n’aurions pas eu les problèmes financiers que nous connaissons. »
« Chaque année passée en Premier League représente entre 110 et 120 millions d’euros. Cette mort évitable nous a coûté bien plus qu’un joueur. »
— Mehmet Dalman, RMC Sport, mars 2025
Nantes contre-attaque : un procès à haute intensité émotionnelle
Les avocats du FC Nantes qualifient la requête d’ »hypothèse fantasmagorique ». Selon eux, le transfert était achevé au moment du vol. La FIFA et le TAS ont confirmé cette lecture. Le club ne saurait donc être tenu pour responsable d’un vol privé, affrété par des tiers, avec des intermédiaires en marge des circuits officiels.
Me Jérôme Marsaudon insiste : « C’est la mort tragique d’un homme, mais ce n’est pas une faute du FC Nantes. »
Un précédent potentiellement explosif pour le football européen
Cette affaire pose une question inédite : un club peut-il être tenu responsable de la perte de chance sportive d’un autre club à cause d’un événement tragique intervenu après un transfert ? Si le tribunal accède à la demande galloise, cela pourrait redéfinir les normes de responsabilité dans les transferts internationaux.
Tableau : décomposition des 120,2 M€ réclamés par Cardiff
Poste du préjudice | Montant (en €) |
---|---|
Relégation en Championship | 52,9 millions |
Perte de valeur (transfert inclus) | 67,3 millions |
Atteinte à l’image du club | 2 millions |
Total | 120,2 millions |
« L’affaire Sala, c’est une plaie ouverte. On pensait qu’avec le paiement du transfert, tout serait fini. Mais ça recommence… »
— Témoignage d’un supporter nantais, mars 2025
Les répercussions sur les finances et l’éthique du sport
Le FC Nantes, avec un budget annuel de 75 à 80 millions d’euros, ne pourrait encaisser une telle condamnation. Cela représenterait plus que son chiffre d’affaires annuel, mettant en péril l’équilibre du club. Au-delà du juridique, cette affaire nous force à réfléchir.
Selon Le Monde, l’absence de régulation précise sur les responsabilités liées au transport des joueurs après transfert est une zone grise dangereuse, que ce procès vient cruellement mettre en lumière.
Une audience cruciale le 14 avril 2025 à Nantes
Le tribunal de commerce de Nantes accueillera le 14 avril une audience de procédure majeure. Cette étape servira à la clôture des échanges entre les deux parties. Elle sera décisive pour déterminer si l’affaire sera renvoyée devant une formation de jugement ou si elle peut être tranchée plus tôt.
Selon RMC Sport, Cardiff envisage d’aller au bout du processus, même si cela implique plusieurs années de procédure. La famille Sala, elle, reste en retrait. Lassée. Épuisée. Toujours dans le deuil.
Témoignage : la douleur derrière les chiffres
« Ce procès, c’est comme si on essayait de mettre une valeur en euros sur une vie humaine. C’est révoltant. »
— Marie, proche de la famille Sala, interrogée par Le Télégramme
« Quand la mort d’un joueur devient un argument comptable, on perd le sens du jeu et de l’humain. » — Journaliste anonyme, mars 2025
💬 Et vous, pensez-vous que le FC Nantes doit être tenu responsable ? Le football peut-il tout chiffrer, même l’irrémédiable ? Partagez vos avis en commentaire.