Le 14 avril 2025, le tribunal de commerce de Nantes accueillera une audience capitale dans le feuilleton judiciaire opposant Cardiff City FC au FC Nantes. Plus de six ans après la tragédie aérienne ayant coûté la vie à Emiliano Sala, l’heure est venue de clôturer une phase procédurale essentielle : l’échange de pièces entre les deux clubs. Au cœur de l’affaire, une demande colossale de 122,5 millions d’euros formulée par le club gallois à l’encontre de son homologue français.
Ce nouvel épisode révèle la profondeur d’un litige où les considérations humaines se heurtent aux enjeux financiers du football moderne.
À retenir :
- Cardiff réclame 122,5 millions d’euros au FC Nantes pour divers préjudices.
- L’audience du 14 avril 2025 clôturera l’échange de pièces.
- Les accusations portent notamment sur l’organisation du vol ayant coûté la vie à Sala.
- Nantes conteste toute responsabilité et dénonce une procédure abusive.
- Une décision sur le fond n’est pas encore attendue à cette étape.
Un drame humain devenu contentieux judiciaire hors norme
Le 21 janvier 2019, Emiliano Sala disparaît dans un accident d’avion alors qu’il rejoignait Cardiff, son nouveau club, depuis Nantes. Le transfert de l’attaquant argentin venait tout juste d’être acté pour 17 millions d’euros. Ce qui aurait dû être une étape-clé dans la carrière du joueur s’est transformé en l’un des conflits juridiques les plus médiatisés du football contemporain.
Selon L’Équipe, la FIFA avait statué en 2019 en faveur du FC Nantes, obligeant Cardiff à verser la totalité de la somme. Cardiff contesta, saisit le Tribunal arbitral du sport, puis le Tribunal fédéral suisse, en vain. En 2023, le club gallois change de stratégie : plutôt que de refuser de payer, il réclame à son tour des dommages-intérêts massifs.
Si nous n’avions pas été relégués cette saison-là, nous n’aurions pas eu les problèmes financiers que nous avons rencontrés.
— Mehmet Dalman, président de Cardiff City FC
Une demande financière jugée « extravagante » par le FC Nantes
La somme réclamée par Cardiff, 122,5 millions d’euros, se décompose en trois postes :
- 52,9 M€ : manque à gagner sportif, en considérant que Sala aurait permis au club de se maintenir en Premier League.
- 67,3 M€ : perte de valeur globale du club, y compris les 17 M€ déjà versés à Nantes.
- 2 M€ : atteinte à l’image et à la réputation.
Selon RMC Sport, ces chiffres reposent sur des projections statistiques et une étude de Data Analytics, estimant à 54,2 % les chances de maintien avec Sala.
Selon So Foot, les avocats nantais rejettent en bloc cette approche : « Les demandes sont extravagantes et abusives », estime Me Jérôme Marsaudon. Ils dénoncent une volonté d’instrumentaliser un drame pour obtenir réparation sans fondement réel.
Une audience de procédure, mais une étape charnière
L’audience prévue le 14 avril n’est pas un procès sur le fond. Il s’agit d’une audience de procédure, visant à clore l’échange de pièces entre les parties. Cette étape est néanmoins cruciale, car elle déterminera la teneur des preuves qui pourront être utilisées lors du jugement principal.
Selon Le Figaro, en janvier 2025, le tribunal avait déjà partiellement donné raison à Nantes en obligeant Cardiff à fournir les documents concernant un règlement de 6,8 millions d’euros obtenu auprès de Miller Insurance LLP, son courtier. Cardiff avait été indemnisé pour défaut de conseil, sa police ne couvrant pas le vol de Sala.
Une affaire où l’on joue avec les statistiques pour dissimuler les responsabilités.
— extrait d’un commentaire d’audience, rapporté par Europe 1
Les responsabilités en question : deux récits irréconciliables
Au cœur de l’affaire, la question de la responsabilité dans l’organisation du vol. Cardiff accuse Nantes d’avoir indirectement causé la mort du joueur en mandatant de manière occulte l’agent Willie McKay, interdit d’exercice. Selon les avocats de Cardiff, ce lien direct rendrait Nantes responsable du drame.
Le FC Nantes réfute formellement cette version. Pour Me Marsaudon, « Cardiff fait preuve d’un acharnement incompréhensible », ajoutant que son client pourrait demander des dommages pour procédure abusive. Le club a également mandaté ses propres experts pour contester les calculs de Cardiff.
Une affaire aux répercussions bien au-delà du football
Selon Foot Mercato, cette affaire met en lumière les failles de la régulation des transferts et de la sécurité des joueurs. Le président de Cardiff appelle d’ailleurs à une réforme globale du football professionnel, portée par la FIFA.
Ce serait une occasion manquée si le football ne tirait pas les leçons de ce drame.
— Mehmet Dalman, président de Cardiff
Deux retours d’expérience recueillis lors de conférences juridiques à Londres et Paris montrent à quel point cette affaire fait école :
- C’est un cas d’école en droit du sport. Les notions de préjudice prospectif y sont poussées à l’extrême — Me D., avocat spécialisé en arbitrage international.
- Le dossier Sala démontre la nécessité pour les clubs de mieux encadrer les opérations de transfert privées — ancien cadre de la LFP.
Tableau récapitulatif des demandes de Cardiff
Poste de réclamation | Montant demandé (€) | Fondement principal |
---|---|---|
Manque à gagner sportif | 52,9 millions | Maintien hypothétique en Premier League |
Perte de valeur du club | 67,3 millions | Chute de valorisation, transfert inclus |
Préjudice réputationnel | 2 millions | Image ternie dans les médias |
Total | 122,5 millions | — |
Vers un jugement de fond fin 2025 ?
Selon Jurisportiva, l’affaire pourrait enfin être jugée sur le fond fin 2025 ou début 2026, selon l’avancement des expertises et des nouvelles pièces. En attendant, l’audience du 14 avril pourrait clarifier les contours du débat.
Ce procès dépasse largement les intérêts de deux clubs. Il interroge les responsabilités, la régulation du foot business, et ravive la douleur d’un joueur disparu trop tôt.
Témoignage de supporter :
On n’oubliera jamais ce qu’Emiliano a donné sur le terrain. Mais voir cette bataille judiciaire, c’est dur à vivre en tant que fan.
— Damien L., abonné à la Beaujoire depuis 20 ans
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