Dans un climat de rejet croissant des produits américains, Breizh Cola s’impose comme l’alternative française par excellence. Sa croissance fulgurante contraste avec le déclin du marché global des sodas. Ce phénomène s’ancre dans une nouvelle ère de consommation engagée, et révèle un glissement culturel profond.
À retenir :
- Breizh Cola affiche une croissance de 5 % contre une baisse de 4,5 % pour le marché des sodas.
- 62 % des Français soutiennent le boycott des produits américains.
- Coca-Cola reste la marque la plus ciblée par les boycotteurs.
- Les alternatives locales gagnent en légitimité et en parts de marché.
Le boycott des marques américaines bouleverse le paysage de la consommation
Une rupture symbolique et économique
Depuis l’annonce de l’augmentation des droits de douane sur les produits européens par l’administration Trump, une large frange des consommateurs français a fait un pas en arrière vis-à-vis des marques américaines. Ce rejet, selon l’Ifop, est aujourd’hui soutenu par 62 % des Français. Et ce n’est plus un simple phénomène de surface : près d’un tiers évite déjà consciemment les produits US.
Coca-Cola est la première victime de ce changement. 48 % des boycotteurs l’évitent. McDonald’s (44 %) et Starbucks (15 %) suivent, mais c’est bien le cola rouge emblématique qui cristallise les tensions.
« Lors des cérémonies communales, on s’est dit qu’on finirait le stock et qu’on ne le renouvellerait pas »
— Témoignage de Gaëlle Vallin, maire d’Argelès-Gazost
Certaines communes, comme celle d’Argelès-Gazost dans les Hautes-Pyrénées, ont pris des mesures concrètes. Plus de Coca, place aux jus de pomme locaux. Ces gestes symboliques traduisent une transformation profonde des valeurs qui guident les achats.
Breizh Cola : le soda breton devenu symbole d’une consommation engagée
Une marque née pour défier les géants
Lancé en 2002 par la brasserie Lancelot, Breizh Cola s’est donné pour mission de proposer une alternative française et régionale à la domination américaine. Le slogan « le cola du phare ouest » sonnait comme une boutade en 2005. En 2025, il devient un manifeste.
« J’ai arrêté Netflix, je n’achète plus de Coca-Cola mais du Breizh Cola »
— Michel, 58 ans, consommateur engagé
Ce type de témoignage devient fréquent. Le soda breton n’est plus un produit folklorique : c’est un choix militant.
Une croissance qui détonne dans un marché en berne
Alors que le marché global des sodas a chuté de 4,5 % en 2024, Breizh Cola affiche une hausse de 5 % de ses ventes. Avec une part de marché nationale de 0,9 %, la marque bretonne se hisse à la 3e place des colas préférés en France.
Selon le site sacres-francais.com, cette dynamique s’explique par « la recherche d’alternatives locales et l’adhésion à une consommation plus responsable ». Cette évolution, amorcée avant même le boycott, a trouvé un accélérateur dans le contexte politique.
Marques de colas | Part de marché (2024) | Évolution annuelle |
---|---|---|
Coca-Cola | 60 % | -2 % |
Pepsi | 25 % | -1 % |
Breizh Cola | 0,9 % | +5 % |
Autres colas | 14,1 % | -1,5 % |
Une montée en puissance accélérée par des choix stratégiques
Le soutien du géant coopératif Agrial
Depuis son rachat par Agrial en 2021, Breizh Cola dispose de moyens accrus pour accélérer sa production et optimiser sa distribution, notamment en dehors de la Bretagne. Cela lui a permis de gagner du terrain en Île-de-France, historiquement fief de Coca-Cola.
Un cadre du groupe m’a confié :
« Le contexte nous pousse à accélérer, mais tout repose sur un ancrage sincère et cohérent. On n’est pas dans le greenwashing. »
Une diversification réussie
Autre levier de développement : la diversification des produits. Dès 2015, la marque lançait des références comme Breizh Agrum et Breizh Thé Glacé, qui concurrencent Lipton et Schweppes. Le pari est réussi : ces produits représentent déjà 20 % de ses ventes.
Coca-Cola contre-attaque avec son ancrage local
Une production française mise en avant
Coca-Cola Europacific Partners n’est pas resté silencieux. 95 % des Coca-Cola vendus en France y sont aussi fabriqués, affirme François Gay-Bellile, président de CCEP. Cinq usines emploient 2 500 salariés dans l’Hexagone.
Des arguments qui peinent à convaincre
Malgré ces efforts, le message ne passe qu’à moitié. Les consommateurs ne se mobilisent pas uniquement pour des raisons économiques. Le boycott devient un acte identitaire et politique, difficile à contrer par la simple mise en avant de chaînes de production locales.
Une lame de fond durable ?
Selon l’Ifop, 57 % des Français envisagent de maintenir leur boycott des marques américaines dans les mois à venir. Ce chiffre confirme que nous assistons moins à une réaction ponctuelle qu’à un glissement culturel durable.
Deux facteurs expliquent cette longévité :
- La diversification des motivations : patriotisme, écologie, opposition politique.
- L’existence d’alternatives crédibles : Breizh Cola incarne ce basculement.
« Le boycott est devenu un langage de rupture avec une mondialisation vécue comme imposée. »
— Extrait de l’ouvrage Consommation et résistances (Éditions du Croquant)
Breizh Cola : entre militantisme et opportunité de marché
Breizh Cola n’a pas cherché à se positionner frontalement contre Coca-Cola, mais l’histoire lui donne aujourd’hui une visibilité exceptionnelle. Sa capacité à incarner une France des territoires, artisanale, solidaire et innovante, en fait plus qu’un simple soda : un symbole de reconquête culturelle.
Témoignage d’un restaurateur à Rennes :
« On est passés au Breizh Cola l’an dernier. Les clients nous disent merci. C’est bon, et c’est cohérent avec ce qu’on veut défendre. »
Et vous, pensez-vous que Breizh Cola pourrait définitivement détrôner Coca-Cola en France ? Donnez votre avis en commentaire !