Nantes Métropole lance la SAS Nantes Métropole Énergies, un outil stratégique inédit pour produire localement 20 % d’énergies renouvelables d’ici 2030. Une ambition renforcée par la participation des citoyens, l’expertise d’EnR44, et la mobilisation des parkings métropolitains pour le solaire.
À retenir :
- Objectif : 20 % d’énergies renouvelables locales en 2030, 50 % en 2050
- Création de la SAS Nantes Métropole Énergies avec EnR44 et la Banque des Territoires
- 4,5 GWh attendus dès les premiers projets photovoltaïques (1 730 foyers alimentés)
- Gouvernance participative ouverte aux citoyens
- Modèle duplicable à d’autres collectivités
Nantes Métropole change d’échelle dans sa transition énergétique
Nantes Métropole a acté la création d’un acteur inédit : la SAS Nantes Métropole Énergies. Cette société, dotée d’un capital initial de 200 000 euros, repose sur un partenariat fort entre la collectivité, la SEM EnR44 et la Banque des Territoires. Ce n’est pas un simple signal politique, mais une véritable structure opérationnelle qui va permettre d’investir massivement dans la production locale d’énergies renouvelables.
“On passe à une logique d’action directe. Ce n’est plus seulement une ambition, c’est un outil concret au service du territoire.”
Selon la feuille de route de transition énergétique de 2018, l’objectif est clair : atteindre 20 % d’énergie renouvelable locale en 2030, puis 50 % en 2050. Un virage indispensable, quand on sait qu’en 2025, seuls 9 % des besoins énergétiques sont couverts localement.
Dépendance énergétique : pourquoi il fallait agir
Le territoire de Nantes Métropole reste encore fortement dépendant des énergies fossiles :
- 39 % des consommations reposent sur le pétrole
- 28 % sur le gaz naturel
- et 26 % sur l’électricité (dont une partie importée)
Les secteurs les plus énergivores ? Le transport (35 %) et le logement résidentiel (32 %). Ce constat alarme depuis plusieurs années les élus et les experts. Le besoin de souveraineté énergétique devient vital, et les tensions sur les prix de l’énergie en 2022-2023 n’ont fait qu’accélérer la réflexion.
Selon le site officiel de Nantes Métropole, la transition passe par une montée en puissance rapide des productions locales, à travers le solaire, la biomasse, la récupération de chaleur, ou encore la géothermie.
Gouvernance, financement et ouverture citoyenne : un modèle vertueux
La structure de la SAS est inédite à Nantes :
Actionnaires | Part du capital |
---|---|
Nantes Métropole | Majoritaire |
EnR44 (société d’économie mixte) | 40 % |
Banque des Territoires | 20 % |
Un choix stratégique, selon les élus, car il permet d’associer pilotage public, expertise technique et moyens financiers.
Mais la vraie force de ce modèle, c’est l’ouverture à la gouvernance citoyenne. Plusieurs projets impliqueront des collectifs citoyens locaux, à travers la création de sociétés de projet dédiées. C’est une dynamique participative qui renforce l’appropriation locale des enjeux climatiques.
“On pourra enfin produire de l’énergie à notre échelle, et y participer activement”, témoigne Claire, membre d’un collectif citoyen de Saint-Herblain.
Les premiers projets : du solaire sur les parkings dès 2025
Dès fin 2025, neuf parkings appartenant à la métropole accueilleront des ombrières photovoltaïques, représentant une surface équivalente à trois terrains de football.
Sites concernés :
- Square Theley (Basse-Goulaine)
- Crématorium (Saint-Jean-de-Boiseau)
- Piano’cktail (Bouguenais)
- Arc-en-ciel 2034 (Couëron)
- Parc des expositions et stade de la Beaujoire (Nantes)
- Parkings P+R de Thouaré-sur-Loire et Couëron
Production attendue : 4,5 GWh/an, soit l’équivalent de la consommation (hors chauffage) de 1 730 foyers.
Selon les estimations de la Métropole, ces projets initiaux permettront à eux seuls de doubler le rythme actuel de croissance de l’énergie renouvelable produite localement.
Retour d’expérience : à Grenoble, un projet similaire de solarisation des parkings publics a généré des retombées économiques locales immédiates et des économies substantielles pour la collectivité. À Nantes, le même schéma est attendu, avec une priorité donnée à la main-d’œuvre locale.
Une vision à long terme partagée avec les territoires voisins
Les zones d’accélération de production d’énergies renouvelables ont déjà été identifiées sur les 24 communes de la métropole. Le potentiel total de production d’ici 2030 est estimé à 900 GWh supplémentaires. Cela permettrait de porter la part locale à 19 %, auxquels s’ajouteront d’autres projets diffus.
EnR44, partenaire technique central, permettra d’exporter cette expertise vers les collectivités voisines. Une manière d’envisager l’avenir non pas à l’échelle d’une seule métropole, mais comme une alliance de territoires engagés dans la transition.
Retour d’expérience : dans la communauté urbaine de Dunkerque, le même type de gouvernance collaborative a permis de fédérer une dizaine de communes autour de projets biomasse et éoliens, avec un vrai impact territorial.
Économie locale, climat et justice sociale : un triple dividende
La transition énergétique portée par Nantes Métropole Énergies va au-delà des questions environnementales.
Selon le rapport “10 ans d’énergie verte à coût maîtrisé” publié en 2023 par la Métropole, les bénéfices attendus sont multiples :
- Création d’emplois non délocalisables dans les énergies renouvelables
- Réduction de la précarité énergétique grâce à des tarifs stables
- Réduction massive des émissions de CO2 (objectif neutralité carbone à l’horizon 2050)
“Les réseaux de chaleur renouvelables permettent des économies jusqu’à 30 % par rapport au gaz”, souligne un technicien de la direction énergie de la ville.
Témoignage : Éric, père de trois enfants à Rezé, voit d’un bon œil ces investissements :
“Si ça peut nous éviter les hausses de factures qu’on a connues ces deux dernières années, moi je dis oui.”
Une dynamique à suivre et à partager
La création de Nantes Métropole Énergies est bien plus qu’un symbole. Elle représente une bascule vers un nouveau mode de gouvernance énergétique : local, participatif, ambitieux. Les premiers résultats seront visibles dès 2025. Ce sera l’heure de vérité, mais tout est en place pour que la métropole devienne une référence nationale.
Et vous, êtes-vous prêt à produire votre énergie avec vos voisins ?