Le Hellfest, festival majeur de musiques extrêmes, envisage une transformation radicale. À Clisson, une révision du PLU pourrait acter l’émergence d’un parc permanent dédié au metal, à la manière du Puy du Fou. Ce virage soulève une vive controverse entre développement touristique et préservation des terres agricoles.
À retenir :
- Le PLU de Clisson prévoit un zonage spécial pour étendre le Hellfest en parc permanent.
- 15,4 hectares de terres agricoles pourraient être artificialisés, dont 2 hectares de zones humides.
- Une mobilisation citoyenne conteste le projet, dénonçant une régularisation « a posteriori ».
- Le modèle du Puy du Fou sert d’inspiration, malgré le refus affiché de la comparaison par les organisateurs.
Le Hellfest à la croisée des chemins : de festival à destination touristique
Depuis sa création en 2006, le Hellfest s’est imposé comme une référence mondiale des festivals de musiques extrêmes. Son rayonnement est tel que les 55 000 pass quatre jours pour l’édition 2025 ont été vendus en 25 minutes. Mais aujourd’hui, le festival clissonnais se rêve en parc à thème ouvert toute l’année.
Selon Mediacités, un nouveau PLU (Plan Local d’Urbanisme) serait en cours de révision pour permettre à Hellfest Productions de pérenniser et élargir ses infrastructures. Le projet ? Transformer 15,4 hectares de terres agricoles, dont deux classées zones humides, en une zone de loisirs à l’année, dotée d’attractions, d’une brasserie, d’hôtellerie et de parkings.
Un virage assumé, inspiré du modèle du Puy du Fou, qui a lui-même bénéficié d’un zonage spécifique (AUpf). Le Hellfest bénéficierait de son propre zonage, le « Ulf », afin d’ancrer son développement dans le paysage clissonnais.
« On ne deviendra jamais le Puy du Fou du metal », a pourtant affirmé Ben Barbaud, fondateur du Hellfest (source : Le Parisien, 2024).
🔴Hellfest : un plan local d’urbanisme sur‐mesure pour le futur « Puy du Fou metal »
— Mediacités Nantes (@MediacitesNtes) April 16, 2025
👉🏼Par un coup de baguette de magique, les principales terres agricoles occupées par le #festival vont devenir « secteur urbain à vocation principale du Hellfest ». https://t.co/kbE75xi2R8
Des défis environnementaux et urbanistiques de taille
Ce projet n’arrive pas sans heurts. Déjà, le site du Hellfest occupe à 95 % des terres agricoles, en majorité classées, où toute artificialisation est normalement interdite. Or, selon Mediacités, du béton aurait déjà été coulé sans permis, mettant en cause la légalité de certaines installations.
Cette situation place les autorités locales dans une position inconfortable : soit elles régularisent une situation potentiellement illégale via la révision du PLU, soit elles prennent le risque de bloquer l’un des principaux moteurs économiques de la région.
Selon le collectif citoyen à l’origine d’une pétition ayant recueilli plus de 1 000 signatures :
« Après le 2 mai 2025, si ce PLU passe, ce sera trop tard ! » (source : GreenVoice)
Un riverain témoigne :
« Je ne suis pas contre le festival, mais un parc à l’année va changer notre cadre de vie. On n’est pas prêts. »
Un modèle économique séduisant, mais contesté
Ce glissement du festival vers un parc à thème s’inscrit dans une logique économique évidente. À l’image du Puy du Fou – 800 hectares, 2,5 millions de visiteurs par an – le Hellfest pourrait devenir une destination touristique pérenne, garantissant des revenus stables et une activité hors-saison.
Selon Mediapart, « le Hellfest se transforme peu à peu en un Puy du Fou du metal ». Une remarque qui, au-delà de la formule, soulève une question centrale : le festival doit-il renier son esprit underground au profit d’une logique de marque et de marchandisation de la culture metal ?
De mon côté, ayant assisté à plusieurs éditions depuis 2015, j’ai pu constater l’évolution progressive de l’événement : infrastructures durables, sécurité renforcée, services premium… On est loin de l’édition DIY des débuts. Une transformation naturelle, sans doute, mais dont l’échelle interroge.
Un ancien festivalier me confiait :
« Le Hellfest 2023, c’était grandiose. Mais j’ai eu l’impression d’être dans un mini Disney. Ce n’est plus tout à fait le même trip. »
Une stratégie environnementale sous tension
Face aux critiques, Ben Barbaud se veut rassurant. Le programme Hellcare vise à améliorer l’impact environnemental du festival. Un partenariat avec l’ONG Savage Lands prévoit 1 million d’euros investis sur cinq ans pour la reforestation. Des données d’impact sont également collectées pour être publiées.
Mais pour les opposants, cela reste insuffisant, voire cosmétique. D’autant que, selon Le 21ème Cycle, l’enjeu dépasse le cadre du Hellfest : c’est la régularisation par le PLU d’un modèle économique contrevenant à la loi, en particulier dans un contexte de lutte contre l’artificialisation des sols.
Un choix décisif à faire d’ici le 2 mai 2025
La consultation publique ouverte jusqu’au 2 mai 2025 sera déterminante. Elle tranchera entre deux visions de l’avenir de Clisson : un avenir tourné vers le développement touristique et économique permanent, ou une préservation stricte de l’environnement et du foncier agricole.
Voici les données clés du projet :
Éléments principaux | Détail |
---|---|
Superficie actuelle | 110 hectares loués de façon temporaire (festival, parkings, campings) |
Extension prévue | 15,4 ha (dont 2 ha de zones humides) pour activités permanentes |
Zonage spécifique | Création du « Ulf » dans le PLU, sur mesure pour le Hellfest |
Public visé | Tourisme musical et metal toute l’année |
Opposition | Pétition, riverains, collectifs écolos |
« Si ce zonage passe, ce sera trop tard pour protéger nos terres agricoles. » – Collectif citoyen, GreenVoice
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