les poissonneries Paon liquidées par le tribunal de commerce de Nantes

By Erwan

Les poissonneries Paon, fleuron de la tradition maritime à Nantes depuis 1786, viennent d’être liquidées par décision du tribunal de commerce. Ce jugement historique, prononcé le 9 avril 2025, met un terme à près de 240 ans d’existence. L’entreprise, autrefois prospère avec plus de 7 millions d’euros de chiffre d’affaires, n’a pas résisté à la succession de crises économiques, aux mutations du secteur et à une pression concurrentielle grandissante.

Cette disparition n’est pas qu’un simple fait économique : c’est tout un pan de l’identité nantaise qui s’effondre.

À retenir :

  • Fermeture prononcée le 9 avril 2025 par le tribunal de commerce de Nantes
  • Une entreprise fondée en 1786, emblème de la gastronomie marine
  • Jusqu’à 68 salariés et une présence régionale sur 50 marchés
  • Une tentative de redressement échouée après 2018
  • 20 emplois supprimés en 2025 et un savoir-faire perdu
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Un patrimoine familial ancré dans l’histoire nantaise

Une saga commerciale vieille de 239 ans

Selon PDM Seafood Mag, la maison Paon a été fondée à la fin du XVIIIe siècle et a traversé Révolutions, guerres mondiales et bouleversements économiques. Pendant plus de deux siècles, la famille Paon a incarné l’excellence des produits de la mer en Loire-Atlantique. La marque était synonyme de qualité, notamment grâce à sa présence sur les marchés locaux et ses boutiques aux Halles de Talensac ou encore à Saint-Herblain.

“Les poissonneries Paon, c’était une tradition du samedi matin. On y allait pour la qualité, mais aussi pour le lien humain.”
— Témoignage d’Anne-Marie, cliente fidèle depuis 30 ans.

Une présence régionale structurée et ambitieuse

À son sommet, Paon comptait sept points de vente et assurait une présence active sur une cinquantaine de marchés dans l’ouest. En 2018, l’entreprise innove avec la vente en ligne, livrant des huîtres et poissons frais partout en France avec Chronopost et Amazon. Selon Repreneurs.com, cette stratégie s’inscrivait dans une volonté de modernisation, bien que lancée tardivement face aux géants du secteur.

Une structure qui faisait vivre des dizaines de familles

En 2016, l’entreprise employait 68 salariés. Ce chiffre chutera à 50 en 2018, puis à 20 à l’aube de 2025. Cette lente descente s’est accompagnée d’une perte de dynamique interne, d’un appauvrissement de la structure et d’une difficulté croissante à maintenir un haut niveau de service.

Liste à puce intégrée : éléments marquants de l’entreprise

  • Activité de mareyage (Guilvinec et Douarnenez)
  • Livraison à domicile de fruits de mer dès 2018
  • Tentative de recentrage sur la vente au détail en 2020
  • Collaboration avec Amazon et Chronofresh
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Une descente inexorable malgré des sursauts

2018 : le début de la spirale

Dès novembre 2018, le redressement judiciaire est prononcé. Selon Le Figaro Entreprises, les filiales Paon Senanne au Guilvinec et à Douarnenez sont les premières à être liquidées, avec la suppression d’une dizaine d’emplois. Ces entités déficitaires ont plombé l’ensemble du groupe.

Des stratégies de sauvetage multiples

Alric Paon, dernier dirigeant à la tête de la holding AP Croissance, avait alors 34 ans. Il engage une réorganisation pour sauver ce qui peut l’être : fermeture d’unités, recentrage sur la vente au détail, et nouvelles synergies autour du digital. Un nouveau plan est déposé en mars 2025, mais il sera jugé insuffisant.

“On a voulu y croire jusqu’au bout. C’est douloureux d’avoir à mettre la clé sous la porte quand on se bat depuis des années.”
— Ancien cadre administratif, resté jusqu’à la liquidation.

Le coup de grâce en avril 2025

Le tribunal tranche le 9 avril 2025. La liquidation judiciaire est irréversible. Les dernières boutiques ferment, les marchés se vident d’un étal réputé. 20 emplois spécialisés sont supprimés, des vies professionnelles entières basculent.

Les conséquences sociales, culturelles et économiques

Une onde de choc pour le commerce local

Pour Nantes, cette disparition est un symbole fort. Selon Télénantes, les commerçants du centre-ville y voient un signal d’alarme sur la viabilité du commerce alimentaire de proximité. La place laissée vacante sera difficile à combler, tant Paon bénéficiait d’un capital confiance fort auprès des consommateurs.

Un savoir-faire perdu à jamais

Le métier de poissonnier demande expertise, précision, connaissance fine des espèces et des saisons. L’entreprise Paon formait ses salariés en interne, perpétuant un savoir-faire maritime spécifique. Cette compétence est aujourd’hui menacée, et avec elle une part de l’artisanat vivant de la région.

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Une fracture culturelle pour les Nantais

La disparition de Paon touche aussi à l’identité. Elle remet en question le lien entre Nantes et son passé maritime. Comme si la ville perdait une part d’elle-même. Les Halles de Talensac, où Paon régnait en maître, ont perdu un pilier.

Un contexte économique défavorable pour les poissonneries traditionnelles

Une mutation des modes de consommation

Selon Consignations CDC, l’échec de la digitalisation rapide des poissonneries Paon illustre les difficultés du commerce de bouche à s’adapter à l’e-commerce. L’évolution vers des habitudes de consommation plus rapides, plus anonymes, a bouleversé les équilibres.

La guerre des prix face aux grandes surfaces

Le secteur subit une forte pression concurrentielle. Les enseignes de grande distribution proposent du poisson à bas coût, parfois au détriment de la qualité, mais avec des volumes ingérables pour les structures artisanales. Paon, malgré sa réputation, n’a pas pu rivaliser sur ce terrain.

Des exigences réglementaires en constante évolution

Enfin, les normes environnementales, de traçabilité et de transport à froid sont devenues plus strictes. Pour une entreprise familiale, ces ajustements représentent des coûts techniques et administratifs de plus en plus lourds. Ces éléments ont, selon les observateurs, accéléré le processus de chute.

Évolution du nombre d’employés chez Paon

AnnéeEffectifs
201668
201850
202520

Un déclin progressif de l’activité, révélateur d’une crise de fond.

La fermeture des poissonneries Paon est bien plus qu’une liquidation judiciaire : c’est la disparition d’une mémoire collective, d’un savoir-faire et d’un lien social. Elle rappelle combien les commerces historiques sont vulnérables face aux mutations économiques. Comment les protéger demain ? À vous la parole dans les commentaires.

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