Le 13 décembre 2024, Nantes Métropole et cinq communes du sud-ouest de l’agglomération ont pris une décision historique pour l’aménagement du territoire : la création d’un Périmètre de Protection des Espaces Agricoles et Naturels (PEAN) couvrant 4 317 hectares. Cette initiative vise à préserver ces espaces face à l’urbanisation galopante et à renforcer l’agriculture locale.
Une réponse forte aux défis de l’étalement urbain et un exemple à suivre pour d’autres territoires.
Une réponse à l’étalement urbain et à la disparition des terres agricoles
L’urbanisation a un coût écologique et économique important. Chaque année, selon le Département de Loire-Atlantique, 480 hectares de terres agricoles disparaissent sous le béton et le bitume, remplacés par des logements, des infrastructures et des zones commerciales. Cette artificialisation des sols a plusieurs conséquences :
- Réduction des surfaces cultivables, mettant en péril l’agriculture locale.
- Perte de biodiversité, en détruisant des écosystèmes riches.
- Fragmentation du paysage, rendant plus difficile la continuité écologique entre espaces naturels.
- Augmentation des coûts d’aménagement pour les collectivités, obligées d’étendre les réseaux d’eau, d’électricité et de transport.
« L’étalement urbain est l’un des grands défis de notre époque. Il faut penser un urbanisme plus durable, plus raisonné », explique un urbaniste nantais spécialisé dans la transition écologique.
Le PEAN : un outil puissant pour sanctuariser les terres agricoles et naturelles
Face à ces constats alarmants, le Conseil métropolitain de Nantes a adopté un outil fort : le PEAN (Périmètre de Protection des Espaces Agricoles et Naturels). Son objectif ? Protéger durablement les espaces agricoles et naturels aux portes de la métropole et éviter leur disparition au profit de projets immobiliers ou d’infrastructures.
Le PEAN présente plusieurs garanties :
- Une protection sans limitation de durée des terres agricoles et naturelles situées dans son périmètre.
- Un droit de préemption pour empêcher la vente de ces terres à des promoteurs.
- Un programme d’actions pour accompagner les agriculteurs et préserver la biodiversité.
Ce périmètre s’applique aux communes de Couëron, Indre, Saint-Herblain et probablement deux autres municipalités du sud-ouest nantais. Ces communes se trouvent aux portes de l’agglomération et subissent une pression foncière importante. Grâce à ce dispositif, elles pourront préserver leurs terres tout en soutenant une agriculture locale durable.
Un soutien aux agriculteurs et aux circuits courts
L’une des ambitions du PEAN est d’assurer l’avenir des exploitations agricoles locales. En garantissant que ces terres resteront dédiées à l’agriculture, il donne de la visibilité aux agriculteurs et favorise le développement des circuits courts.
Jean Dupont, agriculteur à Couëron, se réjouit de cette mesure :
« Cette protection est une bouffée d’air frais pour nous. Avant, nous vivions avec la peur de voir nos terres rachetées et transformées en lotissements. Maintenant, nous pouvons investir et travailler avec sérénité. »
Le PEAN s’accompagne aussi d’un programme de soutien aux filières locales :
- Développement de marchés de producteurs locaux pour écouler la production.
- Aides financières et techniques pour favoriser l’agriculture biologique et raisonnée.
- Encouragement à la mise en place de contrats entre agriculteurs et restaurations collectives (cantines scolaires, restaurants d’entreprise, etc.).
« Il ne suffit pas de protéger les terres, il faut aussi accompagner les agriculteurs vers des modèles économiques viables », rappelle un expert en agriculture durable.
Une initiative inspirante pour d’autres territoires
Nantes Métropole n’en est pas à son premier coup d’essai en matière de protection des terres agricoles. En 2016, le Schéma de Cohérence Territoriale (SCoT) avait déjà sanctuarisé 80 000 hectares d’espaces agricoles sur l’ensemble de la métropole. Mais ce nouveau PEAN va encore plus loin en rendant ces protections plus contraignantes et plus durables.
D’autres villes en France ont adopté des dispositifs similaires. Par exemple, en Île-de-France, certaines communes ont instauré des Zones Agricoles Protégées (ZAP) pour contrer la pression foncière. Résultat : ces territoires ont vu se développer des fermes urbaines, des jardins partagés et des filières courtes locales.
Quels défis pour la mise en œuvre du PEAN ?
Malgré ses ambitions, la mise en place du PEAN pourrait se heurter à plusieurs obstacles :
- Opposition des promoteurs et acteurs économiques, qui pourraient contester les restrictions imposées.
- Gestion des conflits d’usage, notamment entre activités agricoles et préservation stricte de la biodiversité.
- Mise en œuvre des programmes d’accompagnement, qui nécessiteront un financement stable sur le long terme.
Pour fonctionner, ce PEAN devra être accompagné d’un dialogue constant avec les acteurs locaux et d’un suivi précis de son impact sur l’économie agricole et l’environnement.
Une avancée majeure pour l’aménagement du territoire
La création du PEAN par Nantes Métropole marque une étape clé dans la préservation des espaces agricoles et naturels. Face à l’urbanisation galopante, ce dispositif offre une réponse concrète et durable aux défis de l’étalement urbain.
En protégeant 4 317 hectares et en soutenant les agriculteurs, ce projet pourrait inspirer d’autres collectivités en France et devenir un modèle de gestion durable du foncier périurbain.
Et vous, que pensez-vous de cette initiative ? Faut-il généraliser ces dispositifs à d’autres territoires ? Partagez votre avis en commentaire !